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Inɔngɔ ny'omyɛnɛ 
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L'ivanga est une danse profane qui semble avoir pris naissance chez les Orungu et qui s'est ensuite propagée lelong de la côte, au Nord jusqu'à la Guinée équatoriale (on la trouve chez les Ndowé) et au Sud jusqu'à Mayumba.

Danseuses d'Ivanga, Port-Gentil, 1990, Photo P. Ayaminè
  Groupe de danseuses d'Ivanga, Port-Gentil,
  1990, Photo P. Ayaminè
Le nom ivanga vient du verbe -panga, qui signifie arranger, mettre en ordre. L'ivanga est une danse, mais ce mot désigne aussi le droit, la loi. Ivanga aurait été créée par le roi Avonowanga (règne de 1882 à ?), qui voulait introduire un ordre nouveau et rétablir la cohésion des Orungu. La forme de cet ordre nouveau lui est venu en rêve, sous forme de danse.

C'est une danse intéressante car elle montre l'organisation de la société orungu, et ses rapports avec la nature.

Il s'agit d'une danse de femmes. Il n'y a que deux hommes : akaga m'osaka, le chef du fouet, qui surveille et qui n'est pas vraiment dans la danse, il évolue en marge de celle-ci et intervient par exemple pour exhorter les danseuses à se donner d'avantage, à chanter plus fort, etc., et ebola, le joueur de tam-tam. Le chef (akaga) est une femme.

Ezigo : le bois rouge, Ivanga, Port-Gentil, 2003, Photo P. Ayaminè
  Ezigo : le bois rouge. Elle précède l'arrivée de
  l'akaga. Port-Gentil, 2003, Photo P. Ayaminè.
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Toutes les danseuses sont vêtues de la même manière. D'après J. Ambourouè Avaro1 (1981 : 110), l'uniforme symboliserait l'égalité des individus dans la société pré-coloniale. Seule l'akaga (la cheftaine, le juge) porte une tenue différente.

Les danseuses personnifient diverses entités humaines, animales ou végétales : la baleine et le cachalot (dansent toujours ensemble), le bois rouge, l'ébène, l'amome, la lettrée, le serpent jaune des palmiers... Elles sont tout de blanc vêtues (un simple pagne attaché sous les aisselles, orné parfois d'un liseré de couleur), avec une ceinture de grelots sur les hanches. Une tresse blanche et rouge est croisée sur leur poitrine, un petit plumeau de plumes d'aigrette piqué dans leur foulard blanc parachève la tenue. Elles forment un groupe compact, rassemblé en deux ou trois rangées d'une vingtaine de femmes (en fonction du nombre de danseuses) qui chantent et dansent en ondulant des reins. A intervalle régulier, en général deux par deux, des danseuses se détachent des rangs et dansent à l'avant de la "scène".

Akaga, Port-Gentil, 1990, Photo P. Ayaminè
  Akaga : la chef. Port-Gentil, 1990, Photo
  P. Ayaminè
La cheftaine n'entre en scène qu'après deux ou trois heures de danse. Elle est vêtue de blanc mais en plus porte une ceinture de grelots en raphia, un chasse mouche et d'autres accessoires. Quand elle ne danse pas, elle est assise. Les danseuses continueront de se détacher du groupe deux par deux mais viendront danser devant la cheftaine, qui leur fera l'accolade.

Cette danse est assez spectaculaire et dure toute la nuit, jusqu'à l'aube.

 Ecoutez :
- Ivanga : 1 chant : choeurs, percussions (enregistrement juin 2003 à Ndogo) 1'52, 230 Ko
- Ivanga : 1 chant : choeurs, percussions (enregistrement juin 2003 à Ndogo) 3'33, 438 Ko

 Voir :
- Ivanga ny'Orungu. Extrait : scène symbolique de transmission de pouvoirs entre Akag'Ezigô et Akaga. Crédit : Dondo Chefferie Orungu


1. Joseph Ambourouè Avaro, Un peuple gabonais à l'aube de la colonisation : le bas Ogowe au XIXe siècle, Paris, Karthala, 1981.